Laudelino Iglesias Martinez (lettreS/lutte contre les FIES)

La lutte en Espagne contre les FIES

Salut Compagnons !!

Cette fois, je vous écris depuis une cellule de châtiment du couloir de la mort (module de régime spécial FIES 1) du camp de concentration et d’extermination de Valence, à nouveau un centre de torture, d’exploitation et d’extermination de l’Etat fasciste espagnol, qui est en train, petit à petit, d’infecter la Péninsule Ibérique avec des instruments de ce genre.

C’est une petite cellule d’isolement, anti-mutineries (tout est fait de béton armé et de fer, rien ne peut bouger de sa place, le lit est une ” brique ” de béton dans un coin) : elle possède DEUX portes (une grillagée, l’autre complètement en fer) dont l’ouverture et la fermeture sont automatisées ; et DEUX systèmes de barreaux à la fenêtre, un parallèle à l’autre, qui empêchent même de passer le bras, et tous sont des barreaux de sécurité (spécial anti-fuites). Le W.C n’a pas de couvercle, ni de murs qui l’isolent du reste de la cellule. Il y a un système de lumière qui n’éclaire presque rien, pour ne pas dire rien, et l’interrupteur est hors de la cellule, sous le contrôle des matons. Il y a un petit miroir en plastique fixé au mur, qui reflète une image distorsionnée, déformée. La cellule est peinte en blanc (le toit et trois quarts des murs) et en vert kaki (sol, lit, reste des murs, portes, fenêtres et barreaux).

Les murs sont sales, et le reste de la cellule aussi. Il entre très peu de lumière naturelle, la pénombre est constante. En résumé, c’est une cellule très oppressante et déprimante, où on nous garde enfermés plus de 20 heures par jour. C’est plus ou moins ce système-là de cellule que ces fascistes nous ont imposé avec leurs modules FIES 1 et leurs modules d’isolement.

Ce module est très petit, totalement automatisé (portes, grillages, etc.) et quatre cours minuscules couvertes par des poutres de fer et un filet métallique, soit quatre mini-cages de moins de 10 mètres de côté. Quand on ne nous tient pas enfermés dans les cellules, on nous tient enfermés dans les mini-cages, tout ça est très opprimant et déprimant. Ici aussi, nos droits sont systématiquement violés, en toute impunité, avec l’accord des autorités judiciaires, car tout ce qui se passe ici est dénoncé pleinement. Ici, on ne nous donne que DEUX appels téléphoniques hebdomadaires au cas où on ne communique pas par des parloirs, et, au cas où on communique, on n’a que DEUX appels téléphoniques par mois… Bien sûr, ils ne durent que cinq minutes. Il est clair qu’ils font tout leur possible pour nous isoler de l’extérieur, pour nous causer le plus grand déracinement familial et social possible et par conséquent, la plus grande vulnérabilité. Ils nous isolent aussi des autres prisonniers à l’intérieur de la prison. Ils m’ont enfermé dans ce camp de concentration le 1er septembre dernier, je venais du module de régime spécial FIES 1 du camp de concentration de Villanubla (Valladolid), et depuis le jour suivant, le 2, je suis en grève de la faim. Et depuis le 5 en grève de promenade, c’est-à-dire que je ne sors plus dans les mini-cages.

Ils commencèrent à me faire les contrôles médicaux de grève de la faim à partir du 4ème jour sans manger. Lors des trois premiers contrôles, ils me dirent qu’on ne leur avait pas encore envoyé le médicament qui convenait. Aujourd’hui, au 10ème jour, j’ignore encore s’ils l’ont ou pas.

Je suis en grève de faim et de promenade parce que ces fascistes ne cessent pas de s’acharner contre moi, d’une façon ou d’une autre ils s’acharnent toujours, ils le font depuis qu’ils me séquestrent, me torturent, depuis qu’ils m’ont enfermé dans leurs prisons d’anéantissement, cela fera 21 ans (à bout de bras) le mois d’octobre prochain, les 13 dernières années dans divers régimes de 1er degré.

La dernière qu’ils m’ont faite est d’une saloperie totale, je vous raconte… Après que j’ai réussi à tuer plus de 8 mois sans Rapports/ Sanctions dans le module de régime spécial FIES 1 du camp de concentration de Villanubla, finalement, le juge du Tribunal de Vigilance Pénitentiaire [JAP] de Valladolid a considéré ma requête de Plainte et par un arrêté, me fit progresser en régime fermé (dans l’actuel Règlement Pénitentiaire sont établis deux régimes de vie à l’intérieur du Premier Degré, le régime spécial et le régime fermé, bien qu’évidemment, le régime FIES 1 cache d’autres régimes de vie qui ne figurent pas dans le Règlement, car ils ont un châtiment supplémentaire qu’on nous impose en toute impunité) à l’encontre de l’avis des kapos mafieux de la prison de Villanubla, de la DGIP [l’AP] et de la Centrale d’Observation de la DGIP, puisque tous ceux-là s’opposaient à ma progression. Dans son arrêt le Juge insistait aussi pour que la DGIP me transfère à la prison de Nanclares de la Oca (Vitoria) ou à la Rioja (Burgos), Dueso ou Léon comme Centre de destination pour me rapprocher de ma famille, puisque je suis du Pays Basque.

Donc bien sûr, non seulement ils ne m’ont pas transféré dans une des prisons qui figuraient dans l’ARRET (que je sollicitai), mais en plus ils m’ont renvoyé dans un module de régime spécial FIES 1, alors qu’il y a dans cette prison un module de régime fermé, qui est le module n°8. Ils se sont torchés le cul d’un autre ARRET judiciaire et également de mes droits. Je suis en grève de la faim et de promenade à cause de ça. J’ai déjà envoyé plusieurs recours de Plaintes devant le JVP de Valladolid et celui de Valence et une Plainte devant le Tribunal de Garde pour inaccomplissement d’un ARRET judiciaire, on verra comment ça se terminera…

Sans doute cette progression n’a pas été seulement due à ce long moment que j’ai réussi à tuer sans Rap-ports / Sanctions ; naviguant astucieusement au milieu d’une tempête de provocations de la part des ennemis de l’humanité : elle est également due à mes textes (Requêtes, Plaintes, recours, etc.) et à tous les soutiens solidaires que j’ai eus et que j’ai coutume d’avoir, si bien que c’est le succès de tous. Maintenant, nous devons parvenir à ce que les kapos mafieux de ce camp respectent et rendent effectifs mes droits.

Le 24 août, ils me notifièrent l’ARRET de la progression, et ce même jour, ils me déplacèrent menotté à l’intérieur de la prison pour une visite au parloir avec un copain : même la progression ne m’épargna pas les menottes à Villanubla.

Le même jour, la DGIP accorde mon transfert pour la maison d’arrêt de Valence, accord qu’elle envoie par Fax au même moment à la prison […] et la prison me le notifie le 27, trois jours plus tard. Le 29 août, sur le coup de 8 heures et demi du matin, on m’ordonne de ramasser en vitesse mes affaires pour aller en convoi, et sur le coup de 9 heures, ils me tenaient déjà enfermé dans une cellulette du fourgon ; et le voyage commença […]. La seule nouveauté est qu’ils m’ont mis dans un convoi normal, c’est à dire dans un fourgon cellulaire, avec d’autres prisonniers, bien que j’étais le seul en Premier Degré du FIES 1 ; c’est pour ça que les flics sont venus me donner un traitement spécial de contrôle direct ; ils me faisaient monter dans le fourgon, puis descendre ; le premier ou le dernier, ils m’enfermaient dans une cellulette spécifique constamment surveillée par les flics qui se trouvaient dans la partie arrière du véhicule ; et chaque fois qu’ils me faisaient monter ou descendre, de nombreux flics et matons se groupaient au pas de la porte d’entrée/ sortie, et d’autres placés stratégiquement dans les différents lieux des enceintes pénitentiaires. Dans les prisons par où on m’a fait passer, on m’a enfermé aux mitards des modules d’isolement, et dans aucun d’eux on ne m’a laissé sortir dans la cour. On m’a détenu dans la prison de Burgos (pour la nuit, pour sûr, la cellule était absolument dégueulasse, pleine de moustiques qui ne m’ont pas laissé dormir de toute la nuit), dans celle de Nanclares de la Oca (pour la nuit, pour sûr la cellule était absolument dégueulasse bien qu’il y avait peu de moustiques et j’ai pu dormir un peu), dans celle de Zuera, Saragoza (pour la nuit, pour sûr la cellule n’avait encore jamais servi, puisqu’ils viennent d’ouvrir cette macro-prison et qu’elle est toujours en rodage), ensuite on est passé par la prison de Daroca (des gens sont montés, d’autres descendus), puis par celle de Teruel (des gens sont montés, d’autres descendus) et finalement on est arrivé à cette putain de prison d’extermination.

Les convois normaux sont très longs et pénibles, ainsi on passe beaucoup de temps enfermé dans une cellule de fer de 1,65 m. de hauteur et d’1 mètre de côté, et en plus super dégueulasse et puante, où tu ne peux pratiquement pas bouger, et ceux qui sont en 2ème degré, ils les mettent DEUX par DEUX dans chaque cellule, autrement dit, totalement emprisonnés. Et quand ils ne nous tiennent pas enfermés dans ces petites cellules super dégradantes, ils nous tiennent enfermés dans les cellules des prisons par lesquelles on passe (qui, pour sûr, sont en général super dégueulasses, puisque les gens ne font qu’y passer, alors on se passe de les nettoyer), sans sortir dans la cour de tout le transfert. Ensuite, si quelqu’un va en Premier Degré du FIES, il devra subir de nombreuses fouilles exhaustives et vexatoires, chaque fois qu’il entre et sort de chaque prison par laquelle on transite, jusqu’à la prison de destination, où se fait la dernière fouille exhaustive et vexatoire du transfert. Sous cet aspect, les convois spéciaux sont moins pénibles, car ils te transfèrent dans un petit fourgon de flics : il y a plus d’espace et une meilleure vision de l’extérieur et ils t’emmènent directement à la prison de destination […] ; on ne subit que deux fouilles exhaustives et vexatoires, celle de départ et celle d’arrivée. Aussi, ils t’emmènent seul et normalement menotté. Mais dans les deux cas, les transferts sont excessivement vexatoires, ils dégradent au maximum la personnalité humaine.

En changeant un peu de thème et pour terminer cette lettre en vous disant que je sens que je dois vous joindre de cette manière, mais comme vous êtes une centaine de personnes autour à m’écrire et en vrai, je ne peux pas m’adresser autrement à vous tous, ni non plus aussi rapidement qu’il me plairait et que vous le mériteriez. Mais bon, merci aux kompas [companeros] de AMAITU et à d’autres kompas, petit à petit je m’adresserai à vous, bien que ce sera de cette façon. En tout cas, excusez-moi pour le retard et si je n’ai pu répondre à aucune carte. Je ferai toujours tout mon possible pour vous joindre, d’une façon ou d’une autre.Bon, rien de plus sinon que je vous quitte avec une accolade fraternelle et libertaire en vous souhaitant toute la chance du monde dans cette lutte pour un monde meilleur. Pour un monde sans prisons.

Santé, Anarchie et Révolution Sociale ! !
A la prochaine,

Laude (10 septembre 2001)

P.S. : Quand mon corps s’en ressentira de trop et que je devrai abandonner la grève de la faim (j’ai l’hépatite C, des pierres dans la vésicule biliaire, le rein droit affecté, des problèmes d’estomac et de circulation sanguine, etc.) je poursuivrai ma grève de promenade jusqu’à obtenir qu’ils me sortent du module de régime fermé (n°8). Si je l’obtiens avant, alors tant mieux.

Extrait de la brochure #3 de Tout le monde dehors ! parue en décembre 2001

 

Lettre de Laudelino Iglesas

Depuis les couloirs de la mort de Villanubla, Valladolid, 26-02-2001

Chers compagner@s de lutte, je m’appelle Laude et je voudrais vous faire savoir que le Tribunal Suprême de cet État assassin m’a condamné à la prison à perpétuité, m’a condamné à mourir dans les couloirs de la mort de ses camps de concentration et d’extermination modernes, on peut dire qu’en gros, il m’a condamné à la peine de mort. L’État Espagnol, bien qu’il m’ait torturé pendant plus de 20 ans d’affilé dans ses prisons, se résout à me condamner à mort, alors qu’il aurait dû me remettre en liberté il y a 7 ans, si l’on s’en tient à ce qu’établit son code pénal ou sa Constitution, laquelle limite à 20 années maximum la peine de prison et stipule que personne ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou des traitements dégradants. Mais dans les faits, l’humanisme et la mise en pratique de ces lois brille par son absence. Mon cas est une preuve supplémentaire de l’essence terroriste de cet État, l’abus, le tourment, le sadisme, l’assassinat, sont ses pratiques préférées et habituelles contre toutes les personnes qui luttent pour la vie, pour la liberté et pour la dignité de tous les êtres humains.

Les mafias monarquo-franquistes qui composent ce pays nous oppriment et nous exploitent, nous soumettent à la pauvreté et à la misère, nous aliènent et nous rendent malade, nous marginalisent, contrôlent et empoisonnent nos vies. Ils nous frappent, torturent, assassinent lorsque nous nous rebellons contre ces canailles. Ils nous séquestrent et enferment dans leurs prisons d’extermination pour nous torturer jour après jour, pour nous utiliser comme des otages contre les luttes sociales et révolutionnaires (…), pour nous exploiter économiquement, pour nous humilier, pour nous brimer continuellement, pour nous rendre fou et nous assassiner (…). Pour nous isoler et nous tourmenter. Mon cas personnel a rencontré quantité de ces sales méthodes, on m’a torturé, rossé, insulté, menacé de mort, tourmenté pour me tuer, maintenu à l’isolement pendant plus de 12 ans d’affilé, en me soumettant au régime FIES module 1 (…), causé et entretenu des maladies et en général on a violé systématiquement mes droits fondamentaux. Ils étaient sur le point de me battre à mort chaque fois qu’ils m’ont tabassé, c’est arrivé de nombreuses fois et lors d’un de ces passages à tabac, ils m’ont mis dans le coma et m’ont réanimé à l’hôpital.

Avec cette condamnation à perpétuité, il est clair qu’ils persistent dans cette volonté de m’assassiner, c’est ce qu’ils tentent d’une manière ou d’une autre, toujours en se dissimulant sous l’apparence du suicide, ou d’une bagarre entre prisonniers, ou d’une overdose de drogue, ou de n’importe quelle farce. Pendant ces plus de 20 ans qu’ils me maintiennent enfermé, ils ont déjà assassiné bon nombre de mes amis, ils les ont battu à mort, à l’aide de la torture, de la pendaison, en leur provoquant ou en leur infligeant des maladies, avec des overdoses, en utilisant d’autres prisonniers contre des remises de peine, ou en provoquant des affrontements entre prisonniers pour des histoires de rumeurs, de drogues, de droits ou privilèges carcéraux. Je ne consomme pas de drogue, je ne fume pas non plus de tabac, je suis végétarien et j’essaie de mener une vie saine dans ces conditions si hostiles. Je viens d’Euskalherria, et mes idées sont libertaires, j’ai de nombreux amis, je me sens très aimé, je suis toujours jeune et j’ai très envie de vivre, mais avant tout de vivre en liberté, et d’aucune manière cette condamnation à perpétuité ne va me faire perdre cette envie de vivre, et encore moins de continuer à lutter pour ce que je veux, l’amour et le rêve.

Dans cet État, nous sommes de nombreux prisonniers qui actuellement ont passé plus de 20 ans séquestrés, et nombreux également sont les condamnés à perpétuité, qui est équivalent à la peine de mort, car il est clair que cet État ne respecte pas ses propres lois. Il n’est encore moins Démocratique et de Droit, mais escroc et assassin. Il pratique l’enfermement, la torture, la condamnation à perpétuité et la peine de mort contre toutes les personnes qui se rebellent contre ces canailles. (…)

Le fait que cet État a fini par me condamner à la perpétuité bien qu’il m’ait gardé plus de 20 ans séquestré dans ses prisons d’extermination, est un échec de l’État et une victoire de plus pour la cause libertaire, car en plus de 20 ans de torture et de mauvais traitements ils n’ont pas réussi à me faire renoncer à mes idées libertaires et pendant les nombreuses autres années qu’ils continueront à me tourmenter ils n’y arriveront pas.

Par conséquent, chers amis et compagner@s de lutte, ne prenez pas cette nouvelle comme une défaite, mais au contraire vivez la comme une victoire, parce que sans aucun doute, c’est une victoire de la résistance humaine contre la barbarie carcérale capitaliste et un triomphe de plus des idées et pratiques libertaires.

La lutte continue, nous nous reposerons une fois que nous aurons abattu le capitalisme, une fois que nous aurons abattu l’oppression et l’exploitation, jusqu’à ce que tous les êtres humains soient libres et maîtres de leur destiné, jusqu’à ce que les droits de l’Homme soient respectés pour toutes les personnes et les peuples, jusqu’à ce que nous obtenions un monde libre, égalitaire, solidaire et sain, jusqu’à ce que nous construisions un monde sans prisons. Tant que la dignité sera bafouée, personne ne pourra nous faire renoncer à l’espoir, nos espoirs et nos sacrifices ne sont jamais vain. Ni l’enfermement, ni la farce judiciaire, ni les condamnations, ni les assassinats à notre encontre n’abattrons la révolte.

C’est tout pour maintenant, je vous dis que je vous aime et je vous adresse une grande accolade fraternelle et libertaire. Salud y anarkia ! Jo ta ke ! Hurrengo arte, lagunak ! Agur.

Laudelino Iglesias Martinez
Villanubla, Carretera Madrid-Gijon, 47014 Valladolid, Espagne

[Extrait du bulletin #27 de l’ABC-Dijon, mai 2001]

http://toutmondehors.free.fr/fies/laude26201.html

 

nouvelle condamnation de Laudelino Iglesas –

“Laude” est en prison depuis 20 ans. Au total, il a passé 27 ans dans les bagnes espagnols, et n’a jamais cessé de se battre. Récemment, il était resté en grève de la faim 45 jours pour obtenir sa liberté conditionnelle, ayant effectué les 3/4 de sa peine et étant à bout suite à des années de soumission au régime d’isolement FIES (voir bulletin #22). De nombreux autres prisonniers s’étaient joins à sa lutte, qui ne se réduisait pas à son propre cas mais correspondait à une dénonciation générale des longues peines et de l’isolement carcéral.

La plate forme Amaitu, qui coordonne la campagne de soutien, nous a informé de la très mauvaise nouvelle qui vient de lui tomber dessus. Nous savions déjà que l’administration pénitentiaire voulait lui faire accomplir un nombre bien plus grand d’années de prison du fait de sa résistance active et des procès que Laude intentait aux matons pour ne pas laisser passer les abus sous silence. “Le recours en cassation que Laude avait déposé devant le tribunal suprême s’est mal déroulé. 20 années supplémentaires. Condamnation à perpétuité. José Alberto, son avocat, lui avait rendu visite le mercredi et il a eu connaissance de la sentence le jeudi, et Laude ne pouvait être informé de la nouvelle directement, de telle manière que quelques jours plus tard, j’ai reçu un coup de téléphone de lui et j’ai dû lui annoncer cette nouvelle faisant l’effet d’une bombe atomique. Ce jour là, il se trouvait de bonne humeur. Il avait reçu une lettre d’un médecin hygiéniste d’Euskal Herria, Eneko Landaburu, avec qui nous avions pris contact pour lui parer des problèmes de santé dont souffre Laude. Apparemment, il lui a donné quelques conseils intéressants et l’a rassuré en ce qui concerne son hépatite. Alors j’ai dû lui annoncer la nouvelle que ces connards de la Cour Suprême lui ont infligé 20 années, la perpétuité, sans la moindre gêne.”

Laudelino a l’intention de tenter les autres recours lui restant auprès d’instances supérieures : la Cour Européenne des droits de l’Homme et la Cour Constitutionnelle.
La Plate-Forme Amaitu va poursuivre la campagne en faveur de Laudelino, et cherche le contact avec un maximum de groupes et individus sympathisants et près à faire des gestes en soutien à Laudelino. Un rassemblement devant la prison de Valladolid, où il est actuellement emprisonné, est notamment prévu.

– Plataforma Amaitu, Aptdo 179, Barakaldo, Euskal Herria, Espagne.

http://toutmondehors.free.fr/fies/laude401.html

 

Une lettre de Laudelino Iglesias depuis Villanubla — 26 février 2001 (Bulletin #27 de l’ABC Dijon, mai 2001)

 

Chers compagnons…, lettre de Laudelino Iglesias Martinez, Farid Halifa Balaid, Jose Sanchez Martinez, Juan Carlos Dopico Garcia, Sergio Sampredo Espinosa, Alfredo Sanchez depuis Villanueva — juillet 2001 (L’Envolée #4, janvier 2002)

Chers compagnons…

Nous sommes six compagnons enfermŽs dans le couloir de la mort (dŽpartement Fies 1-CD) de la prison dÕextermination quÕest Villanueva et nous voulions vous faire savoir que samedi dernier, le 7 avril 2001, nous avons commencŽ la premire grve de la faim dÕun jour par mois, concrŽtisant ainsi la proposition qui sÕest diffusŽe depuis janvier de la prison dÕextermination de Due–as (Palence) : ce sont des grves de la faim qui se rŽaliseront tous les premiers samedis du mois, elles sont de durŽe illimitŽe et continueront jusquÕˆ ce que soient reconnus nos droits humains. LÕobjectif est Žgalement quÕelles sÕŽtendent ˆ un niveau international. Pour tous les prisonniers du monde qui voudraient relayer cette lutte, la consigne est la suivante : grve de la faim tous les premiers samedis du mois. De plus, nous voulons vous faire savoir que le compagnon Sergio Sampedro Espinosa est en train dÕaccomplir une grve de cour de promenade, de durŽe illimitŽe, depuis le 19 mars 2001, pour demander son transfert ˆ la prison de Picassent (Valence) afin dÕobtenir un rapprochement familial ; sa compagne rŽside ˆ Barcelone et doit effectuer plus de 1 400 kilomtres pour se rendre au parloir.

LÕŽloignement imposŽ par le systme carcŽral est une forme supplŽmentaire de torture, dont nous souffrons, nous, nos familles et nos amis. Cela accro”t notre vulnŽrabilitŽ. Par exemple, dans ce couloir de la mort aucun de nous nÕest de Valladolid, trois compagnons sont de Galice, un de Euskal Herria, un de Riaja et un de Melilla.

Ce couloir de la mort est totalement automatisŽ (les portes des cellules et autres portes, grilles, etc.). Les cellules sont petites (environ 2,5 mtres de large, 3,5 mtres de longueur, 2,5 mtres de hauteur), elles ont deux portes, une massive, lÕautre avec des barreaux et deux systmes de grille aux fentres (une en forme de petite fentre trs Žtroite et lÕautre en forme de grillage avec des trous de 2 centimtres sur 4 centimtres). Elles sont ŽquipŽes de dispositifs antiŽmeute (le lit est un bloc de bŽton, le tabouret, la table et la paire dÕŽtagres pour mettre ses vtements sont en fer et sont scellŽs au sol et aux murs), les toilettes sont ˆ vue et ˆ deux mtres de la table, il nÕy a pas de miroir, et chacune des cellules a un systme dÕŽcoute-interphone. En face de chaque porte de cellule il y a une camŽra de surveillance, cinq camŽras contr™lent les fentres des cellules de lÕextŽrieur, il y a deux cours de promenade (une normale et une autre plus petite, couverte de filins mŽtalliques), avec des murs de six mtres de haut et un minimum de trois rouleaux de fil barbelŽ avec des pointes antiŽvasion qui couronnent le haut des murs.

Six camŽras de surveillance et deux guŽrites, lÕune de flics et lÕautre de matons, contr™lent la cour normale.

Les choses vont toujours aussi mal, la rŽpression continue ˆ se durcir : ils contr™lent nos moyens de communication, gardant beaucoup de nos courriers et nous refusant toute correspondance avec nos amis, mme tŽlŽphonique, en rŽduisant au minimum le temps du peu de communication quÕils nous accordent avec nos parents et nos proches. Ils continuent ˆ nous dŽplacer menottŽs ˆ lÕintŽrieur, en nous fouillant de faon quasi systŽmatique et profitant de lÕeffet de surprise (fouille ˆ nu, palpations, utilisation de dŽtecteurs de mŽtaux, fouille de nos cellules et de nos affaires personnellesÉ) ; ils continuent ˆ nous maintenir enfermŽs 21 heures ˆ 22 heures par jour dans ces cellules de punition et 2 ˆ 3 heures dans la cour ou la cage, en nous sortant un par un ou avec un seul compagnon, toujours ˆ des heures diffŽrentes de la journŽe. Ils maintiennent les fentres des cellules couvertes dÕun systme de grillage qui empche la lumire du jour de rentrer suffisamment, les cellules sont ainsi dans une constante pŽnombre.

Hormis le fait dÕobstruer notre vision de lÕextŽrieur, ils portent prŽjudice ˆ notre vue et augmentent notre claustrophobie. Ils continuent ˆ nous interdire les activitŽs acadŽmiques, culturelles, sportives, les loisirsÉ Refusant les sorties au gymnase, au terrain de foot, cinŽma, thŽ‰tre, bibliothque, ŽcoleÉ

Dans la prison, ils nous menottent pour les visites mŽdicales qui se dŽroulent ˆ travers les barreaux et en prŽsence de surveillants, les soins mŽdicaux sont insuffisants et humiliants, ils nous donnent une soupe quotidienne peu variŽe et de trs mauvaise qualitŽ. Ils continuent de nous refuser le droit ˆ un poste de travail rŽmunŽrŽ et ˆ bŽnŽficier de la sŽcuritŽ sociale ; ils continuent de nous provoquer et de nous faire subir des mauvais traitements, nous imposant des sanctions fondŽes sur la calomnie, nous refusant la possibilitŽ de progresser de phase et de degrŽ ; en rŽsumŽ, ils nous soumettent ˆ des vexations constantes, ils continuent ˆ violer nos droits en toute impunitŽ, avec lÕapprobation et la complicitŽ de lÕappareil judiciaire puisque ce dernier est tenu au courant de toute cette barbarie au travers de nos continuels recours, plaintes et dŽnonciations.

Dans ce couloir de la mort, ils sont parvenus ˆ assassiner deux compagnons. On les a retrouvŽs pendus dans leur cellule, ils les ont poussŽs au suicide, ils nÕont pu supporter ce rŽgime de torture et de mauvais traitements. Il est clair quÕils nous condamnent ˆ une privation totale de nos libertŽs et ˆ souffrir dÕune claustrophobie causŽe par ces petits cachots gouvernementaux et par la vue des grilles, des grillages, des murs hauts, des fils barbelŽs, des filins mŽtalliques en guise de toit dans les minuscules cours de promenade, camŽras de surveillance, systme dÕŽcoute, guŽrites de flics et de matonsÉ Ils nous condamnent ˆ souffrir dans un microcosme de bŽton et de fer, ˆ lÕarchitecture trs hostile et opprimante, ils nous condamnent ˆ un contr™le trs opprimant, ˆ un isolement quasi absolu, ils nous condamnent ˆ subir la violence carcŽrale institutionnelle ˆ son plus haut niveau, ce qui sans aucun doute, ˆ court ou ˆ long terme, finit par nous dŽtruire.

LÕangoisse si cruelle que provoque la rŽpression, avec toutes les consŽquences psychologiques nŽgatives quÕelle entra”ne sur les personnes qui la subissent (stress chronique, hallucinations, parano•a, schizophrŽnie, claustrophobie, nŽvroses, problmes cardiaques et respiratoires, cancersÉ), finit par rendre malade et assassiner quiconque, surtout si la rŽpression carcŽrale est aussi brutale que celle des rŽgimes dÕisolement et Fies de premier grade.

Pour cela, chers compagnons, nous continuerons ˆ lutter contre toute cette barbarie, nous continuerons ˆ lutter pour nos droits humains, nous continuerons ˆ lutter pour un monde sans prisons et nous vous encourageons ˆ vous joindre ˆ cette juste lutte, celle de tous les opprimŽs, exploitŽs du monde.

Sans plus pour le moment, salut fraternel et libertaire. .

LAUDELINO IGLESIAS MARTINEZ, 23 ans dÕenfermement, dont 13 ans en premier degrŽ.
FARID HALIFA BALAID, 19 ans dÕemprisonnement, dont 10 ans en premier degrŽ.
JOSE SANCHEZ MARTiNEZ, 18 ans dÕemprisonnement, dont un en premier degrŽ.
JUAN CARLOS DOPICO GARCIA, 10 ans dÕemprisonnement, dont 4 en premier degrŽ.
SERGIO SAMPEDRO ESPINOSA, 8 ans dÕemprisonnement en premier degrŽ ;
ALFREDO SANCHEZ, 4 ans dÕemprisonnement dont 3 en premier degrŽ .

PubliŽ dans lÕel Borito de juillet 2001

[Extrait de L’Envolée #4, janvier 2002, p.19]

http://cettesemaine.free.fr/FIES/fiesenvolee4.html

 

 

La lutte en Espagne contre les FIES

Nous publions ci-dessous une chronologie de la lutte contre les quartiers d’isolement FIES en Espagne. Si cette forme n’est pas très agréable à lire, elle nous semble tout de même utile parce que peu de choses sont publiées sur ce sujet en français et que la continuité dans une lutte dure et longue nous semble importante. Cette chronologie, tant des actions à l’extérieur que celle des détenus, restitue à la fois la mémoire des noms et celle des formes que peuvent inventer les prisonniers incarcérés dans cette prison interne à la prison même. Elle fait suite à celle que nous avions insérée dans CS 82, il y a un an, et qui portait sur les débuts de l’année 2000. Bien entendu, il serait utile de la compléter par d’autres lettres de détenus — nous en publions deux ici. On peut les trouver en espagnol dans le bimestriel A Golpes (Apdo. 28041 – 28080 Madrid ou Apdo. 24103 – 08080 Barcelona).

Salut Compagnons !!

Cette fois, je vous écris depuis une cellule de châtiment du couloir de la mort (module de régime spécial FIES 1) du camp de concentration et d’extermination de Valence, à nouveau un centre de torture, d’exploitation et d’extermination de l’Etat fasciste espagnol, qui est en train, petit à petit, d’infecter la Péninsule Ibérique avec des instruments de ce genre.

C’est une petite cellule d’isolement, anti-mutineries (tout est fait de béton armé et de fer, rien ne peut bouger de sa place, le lit est une ” brique ” de béton dans un coin) : elle possède DEUX portes (une grillagée, l’autre complètement en fer) dont l’ouverture et la fermeture sont automatisées ; et DEUX systèmes de barreaux à la fenêtre, un parallèle à l’autre, qui empêchent même de passer le bras, et tous sont des barreaux de sécurité (spécial anti-fuites). Le W.C n’a pas de couvercle, ni de murs qui l’isolent du reste de la cellule. Il y a un système de lumière qui n’éclaire presque rien, pour ne pas dire rien, et l’interrupteur est hors de la cellule, sous le contrôle des matons. Il y a un petit miroir en plastique fixé au mur, qui reflète une image distorsionnée, déformée. La cellule est peinte en blanc (le toit et trois quarts des murs) et en vert kaki (sol, lit, reste des murs, portes, fenêtres et barreaux).

Les murs sont sales, et le reste de la cellule aussi. Il entre très peu de lumière naturelle, la pénombre est constante. En résumé, c’est une cellule très oppressante et déprimante, où on nous garde enfermés plus de 20 heures par jour. C’est plus ou moins ce système-là de cellule que ces fascistes nous ont imposé avec leurs modules FIES 1 et leurs modules d’isolement.

Ce module est très petit, totalement automatisé (portes, grillages, etc.) et quatre cours minuscules couvertes par des poutres de fer et un filet métallique, soit quatre mini-cages de moins de 10 mètres de côté. Quand on ne nous tient pas enfermés dans les cellules, on nous tient enfermés dans les mini-cages, tout ça est très opprimant et déprimant. Ici aussi, nos droits sont systématiquement violés, en toute impunité, avec l’accord des autorités judiciaires, car tout ce qui se passe ici est dénoncé pleinement. Ici, on ne nous donne que DEUX appels téléphoniques hebdomadaires au cas où on ne communique pas par des parloirs, et, au cas où on communique, on n’a que DEUX appels téléphoniques par mois… Bien sûr, ils ne durent que cinq minutes. Il est clair qu’ils font tout leur possible pour nous isoler de l’extérieur, pour nous causer le plus grand déracinement familial et social possible et par conséquent, la plus grande vulnérabilité. Ils nous isolent aussi des autres prisonniers à l’intérieur de la prison. Ils m’ont enfermé dans ce camp de concentration le 1er septembre dernier, je venais du module de régime spécial FIES 1 du camp de concentration de Villanubla (Valladolid), et depuis le jour suivant, le 2, je suis en grève de la faim. Et depuis le 5 en grève de promenade, c’est-à-dire que je ne sors plus dans les mini-cages.

Ils commencèrent à me faire les contrôles médicaux de grève de la faim à partir du 4ème jour sans manger. Lors des trois premiers contrôles, ils me dirent qu’on ne leur avait pas encore envoyé le médicament qui convenait. Aujourd’hui, au 10ème jour, j’ignore encore s’ils l’ont ou pas.

Je suis en grève de faim et de promenade parce que ces fascistes ne cessent pas de s’acharner contre moi, d’une façon ou d’une autre ils s’acharnent toujours, ils le font depuis qu’ils me séquestrent, me torturent, depuis qu’ils m’ont enfermé dans leurs prisons d’anéantissement, cela fera 21 ans (à bout de bras) le mois d’octobre prochain, les 13 dernières années dans divers régimes de 1er degré.

La dernière qu’ils m’ont faite est d’une saloperie totale, je vous raconte… Après que j’ai réussi à tuer plus de 8 mois sans Rapports/ Sanctions dans le module de régime spécial FIES 1 du camp de concentration de Villanubla, finalement, le juge du Tribunal de Vigilance Pénitentiaire [JAP] de Valladolid a considéré ma requête de Plainte et par un arrêté, me fit progresser en régime fermé (dans l’actuel Règlement Pénitentiaire sont établis deux régimes de vie à l’intérieur du Premier Degré, le régime spécial et le régime fermé, bien qu’évidemment, le régime FIES 1 cache d’autres régimes de vie qui ne figurent pas dans le Règlement, car ils ont un châtiment supplémentaire qu’on nous impose en toute impunité) à l’encontre de l’avis des kapos mafieux de la prison de Villanubla, de la DGIP [l’AP] et de la Centrale d’Observation de la DGIP, puisque tous ceux-là s’opposaient à ma progression. Dans son arrêt le Juge insistait aussi pour que la DGIP me transfère à la prison de Nanclares de la Oca (Vitoria) ou à la Rioja (Burgos), Dueso ou Léon comme Centre de destination pour me rapprocher de ma famille, puisque je suis du Pays Basque.

Donc bien sûr, non seulement ils ne m’ont pas transféré dans une des prisons qui figuraient dans l’ARRET (que je sollicitai), mais en plus ils m’ont renvoyé dans un module de régime spécial FIES 1, alors qu’il y a dans cette prison un module de régime fermé, qui est le module n°8. Ils se sont torchés le cul d’un autre ARRET judiciaire et également de mes droits. Je suis en grève de la faim et de promenade à cause de ça. J’ai déjà envoyé plusieurs recours de Plaintes devant le JVP de Valladolid et celui de Valence et une Plainte devant le Tribunal de Garde pour inaccomplissement d’un ARRET judiciaire, on verra comment ça se terminera…

Sans doute cette progression n’a pas été seulement due à ce long moment que j’ai réussi à tuer sans Rap-ports / Sanctions ; naviguant astucieusement au milieu d’une tempête de provocations de la part des ennemis de l’humanité : elle est également due à mes textes (Requêtes, Plaintes, recours, etc.) et à tous les soutiens solidaires que j’ai eus et que j’ai coutume d’avoir, si bien que c’est le succès de tous. Maintenant, nous devons parvenir à ce que les kapos mafieux de ce camp respectent et rendent effectifs mes droits.

Le 24 août, ils me notifièrent l’ARRET de la progression, et ce même jour, ils me déplacèrent menotté à l’intérieur de la prison pour une visite au parloir avec un copain : même la progression ne m’épargna pas les menottes à Villanubla.

Le même jour, la DGIP accorde mon transfert pour la maison d’arrêt de Valence, accord qu’elle envoie par Fax au même moment à la prison […] et la prison me le notifie le 27, trois jours plus tard. Le 29 août, sur le coup de 8 heures et demi du matin, on m’ordonne de ramasser en vitesse mes affaires pour aller en convoi, et sur le coup de 9 heures, ils me tenaient déjà enfermé dans une cellulette du fourgon ; et le voyage commença […]. La seule nouveauté est qu’ils m’ont mis dans un convoi normal, c’est à dire dans un fourgon cellulaire, avec d’autres prisonniers, bien que j’étais le seul en Premier Degré du FIES 1 ; c’est pour ça que les flics sont venus me donner un traitement spécial de contrôle direct ; ils me faisaient monter dans le fourgon, puis descendre ; le premier ou le dernier, ils m’enfermaient dans une cellulette spécifique constamment surveillée par les flics qui se trouvaient dans la partie arrière du véhicule ; et chaque fois qu’ils me faisaient monter ou descendre, de nombreux flics et matons se groupaient au pas de la porte d’entrée/ sortie, et d’autres placés stratégiquement dans les différents lieux des enceintes pénitentiaires. Dans les prisons par où on m’a fait passer, on m’a enfermé aux mitards des modules d’isolement, et dans aucun d’eux on ne m’a laissé sortir dans la cour. On m’a détenu dans la prison de Burgos (pour la nuit, pour sûr, la cellule était absolument dégueulasse, pleine de moustiques qui ne m’ont pas laissé dormir de toute la nuit), dans celle de Nanclares de la Oca (pour la nuit, pour sûr la cellule était absolument dégueulasse bien qu’il y avait peu de moustiques et j’ai pu dormir un peu), dans celle de Zuera, Saragoza (pour la nuit, pour sûr la cellule n’avait encore jamais servi, puisqu’ils viennent d’ouvrir cette macro-prison et qu’elle est toujours en rodage), ensuite on est passé par la prison de Daroca (des gens sont montés, d’autres descendus), puis par celle de Teruel (des gens sont montés, d’autres descendus) et finalement on est arrivé à cette putain de prison d’extermination.

Les convois normaux sont très longs et pénibles, ainsi on passe beaucoup de temps enfermé dans une cellule de fer de 1,65 m. de hauteur et d’1 mètre de côté, et en plus super dégueulasse et puante, où tu ne peux pratiquement pas bouger, et ceux qui sont en 2ème degré, ils les mettent DEUX par DEUX dans chaque cellule, autrement dit, totalement emprisonnés. Et quand ils ne nous tiennent pas enfermés dans ces petites cellules super dégradantes, ils nous tiennent enfermés dans les cellules des prisons par lesquelles on passe (qui, pour sûr, sont en général super dégueulasses, puisque les gens ne font qu’y passer, alors on se passe de les nettoyer), sans sortir dans la cour de tout le transfert. Ensuite, si quelqu’un va en Premier Degré du FIES, il devra subir de nombreuses fouilles exhaustives et vexatoires, chaque fois qu’il entre et sort de chaque prison par laquelle on transite, jusqu’à la prison de destination, où se fait la dernière fouille exhaustive et vexatoire du transfert. Sous cet aspect, les convois spéciaux sont moins pénibles, car ils te transfèrent dans un petit fourgon de flics : il y a plus d’espace et une meilleure vision de l’extérieur et ils t’emmènent directement à la prison de destination […] ; on ne subit que deux fouilles exhaustives et vexatoires, celle de départ et celle d’arrivée. Aussi, ils t’emmènent seul et normalement menotté. Mais dans les deux cas, les transferts sont excessivement vexatoires, ils dégradent au maximum la personnalité humaine.

En changeant un peu de thème et pour terminer cette lettre en vous disant que je sens que je dois vous joindre de cette manière, mais comme vous êtes une centaine de personnes autour à m’écrire et en vrai, je ne peux pas m’adresser autrement à vous tous, ni non plus aussi rapidement qu’il me plairait et que vous le mériteriez. Mais bon, merci aux kompas [companeros] de AMAITU et à d’autres kompas, petit à petit je m’adresserai à vous, bien que ce sera de cette façon. En tout cas, excusez-moi pour le retard et si je n’ai pu répondre à aucune carte. Je ferai toujours tout mon possible pour vous joindre, d’une façon ou d’une autre.Bon, rien de plus sinon que je vous quitte avec une accolade fraternelle et libertaire en vous souhaitant toute la chance du monde dans cette lutte pour un monde meilleur. Pour un monde sans prisons.

Santé, Anarchie et Révolution Sociale ! !
A la prochaine,

Laude (10 septembre 2001)

P.S. : Quand mon corps s’en ressentira de trop et que je devrai abandonner la grève de la faim (j’ai l’hépatite C, des pierres dans la vésicule biliaire, le rein droit affecté, des problèmes d’estomac et de circulation sanguine, etc.) je poursuivrai ma grève de promenade jusqu’à obtenir qu’ils me sortent du module de régime fermé (n°8). Si je l’obtiens avant, alors tant mieux.

[Ce texte a été piqué à la brochure de Tout le monde dehors ! parue en décembre 2001. Ce collectif assure un suivi régulier sur la lutte contre les FIES. TLMD – 21ter rue Voltaire – 75011 Paris]

Extrait de Cette Semaine #84, fév/mars 2002, pp. 28-29

http://cettesemaine.free.fr/cs84/cs84Laude.html

 

 

Nouvelle condamnation de Laudelino Iglesias (Bulletin #26 de l’ABC-Dijon, avril 2001)

– nouvelle condamnation de Laudelino Iglesas –

“Laude” est en prison depuis 20 ans. Au total, il a passé 27 ans dans les bagnes espagnols, et n’a jamais cessé de se battre. Récemment, il était resté en grève de la faim 45 jours pour obtenir sa liberté conditionnelle, ayant effectué les 3/4 de sa peine et étant à bout suite à des années de soumission au régime d’isolement FIES (voir bulletin #22). De nombreux autres prisonniers s’étaient joins à sa lutte, qui ne se réduisait pas à son propre cas mais correspondait à une dénonciation générale des longues peines et de l’isolement carcéral.

La plate forme Amaitu, qui coordonne la campagne de soutien, nous a informé de la très mauvaise nouvelle qui vient de lui tomber dessus. Nous savions déjà que l’administration pénitentiaire voulait lui faire accomplir un nombre bien plus grand d’années de prison du fait de sa résistance active et des procès que Laude intentait aux matons pour ne pas laisser passer les abus sous silence. “Le recours en cassation que Laude avait déposé devant le tribunal suprême s’est mal déroulé. 20 années supplémentaires. Condamnation à perpétuité. José Alberto, son avocat, lui avait rendu visite le mercredi et il a eu connaissance de la sentence le jeudi, et Laude ne pouvait être informé de la nouvelle directement, de telle manière que quelques jours plus tard, j’ai reçu un coup de téléphone de lui et j’ai dû lui annoncer cette nouvelle faisant l’effet d’une bombe atomique. Ce jour là, il se trouvait de bonne humeur. Il avait reçu une lettre d’un médecin hygiéniste d’Euskal Herria, Eneko Landaburu, avec qui nous avions pris contact pour lui parer des problèmes de santé dont souffre Laude. Apparemment, il lui a donné quelques conseils intéressants et l’a rassuré en ce qui concerne son hépatite. Alors j’ai dû lui annoncer la nouvelle que ces connards de la Cour Suprême lui ont infligé 20 années, la perpétuité, sans la moindre gêne.”

Laudelino a l’intention de tenter les autres recours lui restant auprès d’instances supérieures : la Cour Européenne des droits de l’Homme et la Cour Constitutionnelle.
La Plate-Forme Amaitu va poursuivre la campagne en faveur de Laudelino, et cherche le contact avec un maximum de groupes et individus sympathisants et près à faire des gestes en soutien à Laudelino. Un rassemblement devant la prison de Valladolid, où il est actuellement emprisonné, est notamment prévu.

– Plataforma Amaitu, Aptdo 179, Barakaldo, Euskal Herria, Espagne.

[Extrait du bulletin #26, avril 2001, de l’ABC-Dijon]

http://cettesemaine.free.fr/FIES/laude401.html

 

 

 

 

 

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